3 questions à Sylvain Dieudonné,
directeur artistique de l'ensemble
PEROTIN LE GRAND
Quand on parle de Notre-Dame de Paris, on pense au bâtiment, à l’architecture. Qu’en est-il du patrimoine musical de la cathédrale ?
Nous avons beaucoup entendu parler, ces derniers temps, du formidable travail des nombreuses corporations de métier qui ont œuvré, et œuvrent toujours, à la restauration de Notre-Dame de Paris. C’était déjà la cas bien sûr au Moyen âge, à l’époque de son édification, et à toutes les époques de son histoire. Les ouvriers travaillaient alors pour la gloire de Dieu, afin que la ville de Paris soit dotée d’un temple à la mesure du culte que l’on voulait y rendre à Dieu.
À côté des grandes cérémonies officielles qui s’y sont déroulé au cours de son histoire, la cathédrale a abrité, avant tout, la liturgie quotidienne des heures et de la messe, et le chant qui lui était naturellement associé : le plain chant. Celui-ci a ainsi toujours perduré dans la vie quotidienne des chanoines de Notre-Dame. Mais, dès l’époque de sa construction à la fin du 12e siècle, de luxuriante polyphonies à 2, puis à 3 ou 4 voix, ont été inventées, afin d’embellir le service divin. C’est une musique d’une très grande nouveauté, d’une très grande inventivité et d’une très grande richesse. Ce faste était alors réservé aux jours de fête. Il s’agit d’une des plus grandes « écoles » de composition de l’histoire de la musique occidentale !
Quel est le but de l’ensemble Pérotin le Grand que vous avez créé ?
La vocation première de l’Ensemble Pérotin le Grand est de transmettre, par le biais de concerts, stages, conférences, enregistrements, la richesse des répertoires anciens et plus particulièrement médiévaux. S’il laisse une grande place aux répertoires de musique sacrée, en particulier le chant grégorien et l’École de Notre-Dame, il propose également des concerts de musique profane (motets et chansons de trouvères par exemple). Il s’intéresse aussi aux musiques de tous les temps ayant un lien avec le chant grégorien ou avec le Moyen âge, et tout particulièrement aux créations contemporaines qui tirent leur inspiration des répertoires anciens.
Que peut-on entendre sur le CD des Riches heures de Notre-Dame de Paris que vous venez de sortir ?
Nous pouvons y entendre tout d’abord 5 siècles de musiques créées et chantées à Notre -Dame de Paris, ou par des musiciens qui y ont exercé (du 11e siècle, avant la construction de l’actuelle cathédrale, au 16e siècle). Nous assisterons ainsi à la naissance de la polyphonie et à ses développements successifs, particulièrement les riches constructions de l’École de Notre-Dame (fin 12e siècle) et les somptueuses polyphonies de la Renaissance (16e siècle). Ce disque illustre aussi quelques usages qui au cours des siècles furent ceux de la cathédrale. Nous toucherons ainsi au cœur de ce que fut la vie quotidienne des chanoines et des enfants du chœur de Notre-Dame. Enfin, nous entendrons une composition d’un musicien, chanteur de l’Ensemble Pérotin le Grand (Raphaël Mas), qui a effectué une grande partie de sa formation musicale à l’ombre de la cathédrale. Cette composition, « …à travers temps… », évoque, raconte, en symbiose avec le programme du disque, un voyage musical dans le temps…
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